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Le blog du 147e RI
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4 avril 2009

Témoignage d'un survivant de la Grande guerre

Grâce à l'enregistrement sonore d'un survivant de la Grande guerre, voici ce que ressentait les hommes qui devaient assister à l'exécution. C'est le témoignage d'un témoin oculaire, simple soldat, à mettre en parallèle avec celui du Capitaine RIGAULT par exemple.

Cet enregistrement figure sur l'un des CD du coffret la Grande guerre 1914-1918 - Anthologie volume 1.

Le Soldat dont l'exécution est relatée ici était Charles Alexandre T.... du 132è RI fusillé le 2 juillet 1915 à Rupt en Woëvre (55). Né en 1891, il allait avoir 24 ans.

Témoignage de Julien JOLLY de Fontaine Simon (28) en 1975, recueilli par Jean Fraboulet.

" Ca se passait à Rupt en Woëvre dans les Hauts de Meuse. On était au repos et puis notre Compagnie était de service.
On reçoit l'ordre de se mettre en tenue de campagne pour 5 h du matin.
On met le sac et tout le bazar. On savait pas ce que ça voulait dire.
Et le Capitaine dit au Lieutenant qui commandait la 1ère section :
" Allez, visez le lapin ! On va chasser le lapin. "
On était ignorant de ce qui allait se passer et puis ma foi, v'là que la section de jour s'en va à une grange qui servait de prison.
On voit un pauv' gars qui sort de là-dedans, qui était escorté de l'Aumônier, il était tout pâle.
Ma foi, on a su tout de même par le bouche à oreilles, on a su que c'était un gars qui était d'un autre régiment le 132è RI, mais de la même division.
Quand il y avait une attaque, il montait pas : il avait la trouille. Alors il s'échappait.
C'était suffisant pour enquérir la peine de mort. C'était assimilé à désertion en présence de l'ennemi.
Ca pardonne pas ça.
Alors on l'a emmené le long du cimetière de Rupt, il y avait un poteau et puis le peloton d'exécution était là, et puis nous, pour empêcher s'il y avait eu quelque chose.
Et puis ma foi, ça a pas demandé grand temps.
Toute la compagnie, on était 100-150 par-là. Eh ben, je vous garantis qu'on était à plat totalement, hein.

- D'avoir vu ça ?

- Ben oui ! A la soupe de midi, y en a pas le quart qui a mangé la soupe : on était malade.
Malade de dégoût d'avoir vu ce... On assimilait ça à un assassinat, comprenez-vous ?
Le moral était tombé bien bas à ce moment-là.
On nous a foutu la paix pour la journée quand même. Personne n'est venu nous embêter.
Ils s'en sont peut-être rendu compte.
Mais quand même, après ça, on est allé en Champagne pour faire l'attaque du 25 septembre 1915.
Le Commandant de bataillon qui avait présidé le Conseil de guerre qui avait condamné le type à mort, a été tué.
Notre Capitaine à nous, celui qui rigolait en disant " chassez le lapin " a été tué. Le Lieutenant a reçu une balle dans le bras, il a été blessé.
C'est rigolo, hein ? "

L'entretien se termine ainsi.

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