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Le blog du 147e RI
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13 mai 2010

La Butte du Mesnil

Nous sommes restés, une première fois, 8 jours consécutifs dans nos tranchées, devant les hauteurs appelées couramment Butte du Mesnil et que les Allemands avaient transformées en forteresse.

En pleine Champagne, ils avaient trouvé le moyen d'amener une tourelle blindée, en acier, avec calotte mobile et garnie à l'intérieur de deux canons à tir rapide.

Pendant que nous étions en attente dans nos positions, il y eut, de notre part, une préparation d'artillerie qui dura 3 jours pleins, 3 fois 24 heures, sans discontinuer, et qui bouleversa considérablement les ouvrages ennemis. Malgré cela, leur fameuse tourelle fonctionna à la perfection, au grand dommage des nôtres.

Et le merveilleux de l'affaire, c'est que, sans autres armes que nos fusils, nos baïonnettes, nos grenades et nos corps, nous sommes parvenus à enlever cette position de vive force. Dès que nous l'eûmes prise, nous pûmes constater la vérité d'un fait dont nous avions entendu parler, c'est que les artilleurs et mitrailleurs allemands, dans certains cas, étaient enchaînés à leurs pièces. Cela, je l'ai vu de mes propres yeux, là, à la Butte du Mesnil, dans la tourelle qui était fermée de l'extérieur, et auprès des 5 ou 6 mitrailleuses qui la flanquaient. Les servants, tués, étaient encore enchaînés.

Mais ce système cruel ne réussit pas, car, indignés d'être ainsi traités, beaucoup de servants firent le mort dès que leurs officiers avaient le dos tourné. Assis sur leur chaînes, ils attendaient que nos vagues d'assaut viennent les cueillir. Aussi fut-ce avec un sourire de délivrance qu'ils nous virent arriver, baïonnette au canon, par dessus le parapet de leur retranchement.

Ils nous montraient leurs bandes de cartouches intactes et leurs caisses de bandes pleines, pour bien nous prouver qu'ils ne s'étaient pas défendus, volontairement.

Ces vivants furent libérés de leurs chaînes et envoyés à l'arrière; les autres, les tués, furent laissés sur place en attendant qu'on puisse les détacher de leurs mitrailleuses intactes qui servirent, quelques jours plus tard, contre leurs compatriotes.

C'était de bonne guerre.

Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre  -  Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE

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