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Le blog du 147e RI
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7 juillet 2009

Une infirmière tchèque

A la vraie visite, il fut reconnu que ma gelure ne serait que superficielle. Elle n'avait pas eu le temps d'amener un commencement de gangrène, mais il était juste temps, ajouta le toubib. Et il continua :

- Vous l'avez bien intéressé, notre grand patron, avec votre affaire de La Harazée ! Il monte facilement sur ses grands chevaux ! Quand même, passer 17 jours dans les conditions que vous signalez, c'est abusif !
- Oui, docteur, c'est vrai ; mais il y a trop peu d'effectifs en réserve. Et puis, nos régiments étant du pays, on nous y a maintenus, parce que nous sommes adaptés au terrain, au climat. Il fallait laisser aux autres troupes le temps de s'y reconnaître et d'attraper la bonne méthode.
- Oui, peut-être ; mais c'est quand même inhumain.

Je profitai de l'occasion pour signaler ma paralysie radiale qui n'était pas encore guérie. Pour les pieds, j'avais les soins des soeurs ; pour mon bras, j'avais ceux, plus doux et plus agréables, d'une étudiante stagiaire, une Tchèque, qui, deux fois par jour, venait me masser le bras à l'électricité.
Elle était charmante, cette enfant là. Aussi attirait-elle, autour d’elle, des papillons nombreux qui ne pouvaient s’empêcher de lancer des quolibets.

- Dites, Mademoiselle,moi aussi j'ai un bras. J'en ai deux même, et je vous les prêterais bien, vous savez ?
- Mademoiselle, quand vous aurez fini de vous caresser la main sur ce bras-là, je vous autorise à continuer sur le mien !

Et quantités d'autres de ce genre.

Moi, de mon côté, je lui faisais des farces. Par exemple elle avait pour me masser à l'électricité une bouteille de Leyde. Le passage du courant sur mon bras m'énervait. Alors, pendant qu'elle était occupée à répondre à un taquin, je dévissais un des pôles de sa bouteille, de sorte que j'étais bien tranquille, ensuite, sous les caresses qu'elle continuait à me prodiguer consciencieusement avec un courant inexistant. Ce n'était pas bien méchant !
Ma guérison se faisant rapidement, je ne restai que 10 jours dans cette salle, après quoi je demandai à descendre à la salle des convalescents, au rez-de-chaussée, où on pouvait obtenir des permissions de sortie en ville.

Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre  -  Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE

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