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30 juin 2009

Les soeurs de l'Hôtel Dieu de Lyon

Georges HUBIN est évacué comme prévu par le Docteur sur un hôpital de l'arrière : l'Hôtel Dieu de Lyon.

A Lyon, débarquement du train. Course en voiture. Où va-t-on ? Sais pas. Enfin on passe sous un vieux portique d'un vieil hôpital : Hôtel-Dieu de Lyon !
On me monta au troisième étage,dans une salle comble qui n'avait qu'un lit de disponible. Pendant qu'on me déchargeait du brancard sur ce lit, j'eus le temps d'apercevoir le Rhône coulant en dessous, par delà le Boulevard dont la cime des arbres venait frôler nos vitres.
La salle était gouvernée par des soeurs dont la patronne était une brave veille gaillarde tout heureuse de se trouver avec tant d'hommes, jeunes pour la plupart, avec lesquels elle clabaudait constamment, d'un air bourru, mais la face radieuse. C'étaient des gaillardes, ces soeurs. On voyait bien qu'elles étaient des professionnelles des hôpitaux pour hommes : elles vous retournaient le monde en un rien de temps, sans tâtonner !
A peine fus-je installé sur le lit que je fus empoigné par trois d'entre elles : une de chaque côté, la troisième aux pieds, tiraillé à droite, à gauche, en avant et dépecé comme un lapin, juste le temps de le dire. Aussitôt, éponges, eau chaude, eau froide, savon, serviettes et le linge propre. Ah ! ma fi ! ça ne fut pas long ! Puis la feuille de température fut accrochée à la tête de mon lit ; on me donna les accessoires habituels, et la soupe arriva dans de jolies petites voitures traînées par d'autres soeurs plus jeunes. Distribution rapide. Quelle prestesse ! Il est vrai qu'il fallait faire vite : il y avait là au moins 100 blessés. Les lits étaient les uns contre les autres, et la travée du milieu qu'on laisse généralement libre était occupée tout entière par des lits jumeaux.
La visite du matin étant passée, je pris simplement des bains sinapisés, en attendant la contre-visite de l'après-midi, où le docteur confirma le traitement jusqu'au lendemain.
Le soir, il y eut, au fond de la salle, grand concert vocal organisé par un grand diable de sous-officier de cuirassiers, dont la blessure était presque guérie, avec le concours de plusieurs artistes recrutés dans les salles voisines et placé sous le haut patronage de notre soeur chef de salle qui s'occupait de la claque. Elle aimait ça, les concerts, le remue-ménage, les attrapages de lit à lit en style poilu. Comme elle riait, cette brave femme, d'entendre sortir, avé l'accent, les épithètes sonores, rugueuses, imagées, que les poilus s'envoyaient de si bon coeur !

Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre  -  Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE

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