Le plus brave Poilu du 147è
LE COLONEL BOURGEOIS
Un régiment montait. Un gars de haute taille
Tout en nerfs, teint hâlé, moustache grise au vent,
Deux yeux d'or sous le casque, allait seul en avant,
Enveloppé d'azur pâli dans la bataille.
Sur le drap ne brillait ni ruban, ni médaille,
Et l'on ne pouvait voir, dans le jour s'achevant,
Si l'homme qui marchait, si mâle et si vivant,
Portait quelque galon gagné sous la mitraille.
Ce soldat m'intriguait ; il avait si grand air,
La troupe qui suivait en paraissait si fière,
Que je voulus savoir son nom à l'instant même.
Comme j'interpellais les rangs à haute voix,
Un " Bleuet ", en passant, me cria : " C'est Bourgeois,
Le plus brave Poilu du Cent quarante-septième. "
Illustration extraite du recueil d'A. Gysin