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Le blog du 147e RI
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6 juillet 2010

L'horreur en permanence...

Mais qu'ils furent donc affreux, ces combats en pleine boucherie humaine ! Dans les boyaux de cheminement, que l'ennemi repérait et bombardait violemment, ce n'était qu'un cloaque sanglant. Ces boyaux avaient tout juste la largeur d'un homme. Ceux qui tombaient, les blessés, y étaient piétinés sans merci par tous les combattants qui couraient à l'assaut. On sautait en se servant des formes allongées au fond comme de ponts successifs. Mais cette tactique était fort dangereuses, car, le corps de celui qui cheminait ainsi étant à moitié en dehors de la tranchée, il recevait immanquablement une dégelée d'obus bien ajustés qui faisaient du mal ici où là.

J'ai vu des pauvres bougres de chez nous littéralement écrasés et enfouis vivant dans la boue de ces boyaux par le passage continuel des combattants. Et on ne pouvait rien faire pour l'empêcher ! Tant pis pour l'infortuné qui tombait ainsi sans plus pouvoir bouger !

Dans les tranchées d'attente, c'était pareil. Un blessé mobile pouvait encore se mettre à l'abri dans un coin où il ne gênait personne, en attendant que la nuit lui permette de s'en aller vers le poste de secours. Mais les blessés graves, qui ne pouvaient se mouvoir, devaient rester couchés en long, dans le fond boueux de la tranchée, et, fatalement, subir, sur leur corps, le passage de tous les autres.

Alors, ces pauvres diables mouraient là, dans une longue et affreuse agonie, au milieu des camarades qui n'étaient pas indifférents, non, mais impuissants, et que la nécessité rendait durs de coeur. Que pouvait-on faire ? Les brancardiers ne venaient pas jusqu'aux tranchées de première ligne; ils ne le pouvaient pas, les passages étaient trop encombrés, et, en outre, leurs allées et venues, la nuit, auraient sûrement déclenché des averses d'obus.

Aussi, dans les tranchées de combat, c'était l'horreur en permanence. Les projectiles s'y déversaient à une cadence folle venant de tous les points de l'horizon. Un tintamarre infernal encerclait les crânes. On ne pouvait pas se parler; même les commandements devaient se faire par signaux. A certains carrefours, l'horreur était particulièrement infernale. Ce n'étaient que cadavres entiers ou déchiquetés qui s'amoncelaient de minute en minute. On ne savait plus quelles monstrueuses atrocités on avait là, sous les yeux. [...]

Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre  -  Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE

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