Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog du 147e RI
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 269 395
8 juin 2009

Pique-nique à la Harazée....

Toute la nuit se passa ainsi, entre les coups de fusils des veilleurs et les coups de pioches des travailleurs. A l’aube, quand ils s’en allèrent, ils nous laissaient une tranchée toute neuve et, miraculeusement, sans eau. C’est-à-dire que la tranchée étant ouverte de partout, la pente naturelle draînait l’eau au fur et à mesure qu’elle suintait ; mais, au bout d’une heure, il y avait au fond dix centimètres de boue gluante ; cela ne valait pas mieux !
Nous restâmes encore deux jours dans cette tranchée que nous nous efforçâmes d’arranger un peu. On y fit des créneaux avec des rondins, des niches pour y mettre les cartouches déliées, prête à être utiliser ; sur le parapet, on fit une banquette pour pouvoir s’asseoir, se reposer un peu mieux et manger lorsque les repas arrivaient.
Ils venaient d’une façon très irrégulière, les repas, mais, enfin, ils venaient. Ce n’était jamais bien bon parce que tout était froid. Le contenu des marmites pouvait être bouillant au départ des cuisines ; les cuistots ayant 3 km à faire pour nous les apporter, l’air glacé de décembre avait le temps de le refroidir complètement. Et puis c’était toujours la même chose : riz-colle, lentilles pierreuses ou fayots mal cuits ; viande quelconque, toujours bouillie ; quelquefois du singe en salade ou en sauce, mais rarement, et c’était aussi bien.
Le café était décevant. Il y en avait bien en quantité suffisante, mais lui aussi arrivait froid. Alors, on s’ingéniait comme on pouvait pour le réchauffer. Les uns, les solitaires, faisaient chauffer leur quart individuel sur une minuscule lampe à alcool solidifié qu’ils recevaient de chez eux. D’autres faisaient chauffer le contenu de quatre ou cinq gamelles à l’aide du même combustible. D’autres encore enfonçaient des bougies en terre, dans une niche grande comme un petit four, avec deux pierres pour supporter la gamelle que la flamme de la bougie venait chauffer par dessous. Il fallait bien se débrouiller comme on pouvait puisqu’il était interdit de faire du feu avec du bois.
Beaucoup qui n’avaient ni alcool solidifié, ni bougies, ni copains pour les aider, se résignaient à absorber tels quels les aliments et boissons qu’on leur apportait. Heureusement, le pinard et le tafia n’avaient pas besoin, eux, de préparation spéciale ; mais il n’y en avait jamais assez. La ration réglementaire se composait d’un quart, quelquefois de deux quarts de vin, soit un demi-litres par homme et par jour, par ce froid et cette immobilité ! Et le tafia ? six centilitres ! une dent creuse, quoi !

Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre  -  Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Le blog du 147e RI
Le blog du 147e RI
Publicité