Premières grenades
En attendant de reprendre le cours du récit des mémoires de l'Adjudant HUBIN, voici une description des premières grenades utilisées :
Mon régiment, que je retrouvai le 15 février, n'était pas encore retourné sur la ligne de combat depuis le commencement de janvier. Il était cantonné dans la Marne, près de Valmy, à Charmontois. Là, il s'était reformé, retapé, exercé au maniement des nouveaux engins tels que les grenades.
Ceux qu'on appelait grenades, au début de la guerre, n’étaient que du bric-à-brac : on bourrait pêle-mêle, dans des boîtes de conserve vides, de la poudre noire et des débris métalliques, tels que vieux clous, coupures de zinc, cassure de fonte, le tout ficelé fortement dans la boîte refermée avec du fil de fer. Une mèche poudrée plongeait à l'intérieur et venait montrer le bout de son nez à l'extérieur. Au moment de l'emploi, on y mettait le feu à l'aide d'une mèche à briquet, et on lançait l'engin par un manche en bois d'une vingtaine de centimètres lorsque la mèche commençait à fuser. Ca faisait un bruit énorme, une fumée intense, mais, si ça ne tombait pas dans la bouche d'un type, je ne crois pas que ça pouvait faire beaucoup de mal. C'était certainement aussi dangereux pour ceux qui les lançaient que pour ceux qui les recevaient, en admettant qu'ils les reçoivent.
Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre - Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE