Le convoi macabre du 1er mars 1915
[...] Le bombardement fait rage. Le soir, arrivée des 2è et 3è bataillons.
Changeons de poste de secours qui est trop étroit pour tout le régiment, allons nous installer derrière une crête où nous serons un peu à l'abri des obus.
A 18 heures nous sommes installés à la place du 33è qui est relevé.
A 22 heures, il neige à gros flocons et à 22h30 je sors de la cahute : il neige toujours. Je me rends à l'ancienne grange pour évacuer les blessés et chemin faisant je rencontre un convoi macabre : quatre brancardiers portent le corps du colonel ; sur un brancard suivait un médecin derrière avec une lanterne sourde, pas un mot, il fait nuit noire et la neige tombe toujours. C'est triste.
Je continue ma route avec une drôle d'impression. J'arrive à la grange, embarque les blessés.
A peine ai-je finis que je revois ce corps que l'on dépose près du cercueil qui était là. On met le corps dedans et ensuite un peloton en armes est là pour accompagner le corps au cimetière.
Cette journée, il y a eu 13 officiers en moins, plus de 200 blessés.
Ce secteur est plus terrible que celui de l'Argonne. [...]
Extrait de Témoignage 1914-1918 - Ernest REPESSÉ - Caporal infirmier 147è RI - Avec l'aimable autorisation de son petit-fils Michel.