Contre-attaques
Et on allait, on allait, poussant devant soi les adversaires qui reculaient pas à pas en desservant sur vous leurs musettes pleines de grenades ! Et c'était toujours un miracle de constater qu'après des échauffourées pareilles, il restât encore des survivants, même lorsqu'elles duraient quatre heures, cinq heures à cette allure infernale !
Puis, sensation étrange, le tintamarre, tout à coup, cessait. Les Allemands acceptaient, pour le moment, leur défaite. Mais gare ce soir à la contre-attaque ! Alors, en prévision, on se mettait à travailler vivement la terre, changeant l'orientation des parapets des tranchées conquises. Élevés pour prévenir notre attaque, ils doivent être retournés contre l'attaque de leur anciens occupants. Et il ne fallait pas perdre de temps !
Quand la contre-attaque arrivait, on était généralement prêt à la recevoir. Les mitrailleuses étaient disposées aux meilleurs endroits, les grenadiers répartis sur toute la longueur à défendre, les cartouches pour les fusils dépaquetées, et tout le monde aux aguets. Il était beaucoup plus facile de faire face à une contre-attaque que d'attaquer soi-même. On se rendait compte, à cause de la préparation d'artillerie, du moment où elle allait se lancer en terrain découvert.
Pendant les 8 premiers jours de durs combats à la Butte du Mesnil, nous n'eûmes pas à reculer nous-mêmes ; toutes les contre-attaques ennemies échouèrent, tandis que les Allemands durent se retirer sur une longueur de plusieurs kilomètres à plusieurs centaines de mètres en profondeur, peut-être même davantage, car il durent aller se fortifier sur une nouvelle ligne de hauteurs assez éloignées. [...]
Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre - Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE