Cloués au sol...
Après leur débauche de cartouches, les Allemands remplacent le tir des mitrailleuses par des tirs au fusil, mais, dès qu'un des nôtres semble faire un mouvement, les armes automatiques reprennent leur oeuvre de mort.
Sous ce soleil torride et malgré notre position stratégique, il nous arrive de nous assoupir ; fatigués comme nous le sommes, nous dormirions volontiers. Et dire que nous n'avons pas tiré un seul coup de fusil. L'ennemi est invisible, bien dissimulé par le bois ou les maisons du village.
Combien de temps sommes-nous restés là, je n'en sais rien mais certainement des heures et des heures. Par la suite nous apprîmes que notre mission ce jour-là fut une mission de flanc-garde : maintenir l'ennemi qui avait franchi la Meuse pour permettre la retraite d'une partie de l'armée. Ce fut probablement vers les 4 heures de l'après-midi que le commandement fit passer l'ordre de retraite. Mais comment reculer sur cette pente qui nous découvrait tous ? Ce n'est qu'en rampant, à reculons, que les survivants purent se dégager. Certains attendirent le crépuscule. Mais ceux qui, parvenus à la crête se relevaient trop tôt, étaient impitoyablement abattus. C'est ainsi que je vis un soldat de ma taille, portant lunettes, tombé la face sur son bras droit et que ceux qui le remarquèrent le prirent pour moi....
A suivre
Source Petits récits d'un grand drame - Paul RICADAT, avec l'aimable autorisation de son fils