L'attaque du 5 janvier 1915 (2)
Dès 9h30, le Général de division qui avait son PC à La Harazée depuis 5h30, envoyait à la disposition du Lt-colonel GIRARD commandant le sous-secteur de Fontaine-Madame les 2 Cies du bataillon BRANCOURT (91è) et faisait revenir à La Harazée, les deux autres Cies de ce même bataillon, qui avaient été envoyées au Four [de Paris], comme réserve des troupes engagées dans cette direction.
A l'aide de ces renforts, plusieurs contre-attaques sont déclenchées et la lutte se poursuit opiniâtre jusque vers 16 h.
Nous occupions alors une ligne discontinue marquée à ses extrémités, par des têtes de boyaux non détruits, dont l'ennemi occupait l'extrémité opposée. A l'aide de sacs à terre, de pétards et de bombes, nos troupes se maintiennent énergiquement jusqu'à la nuit. Cependant, un boyau (A-B) important pour nous, en ce sens qu'il gênait les communications des 2 Cies les plus à droite de notre secteur était tombé aux mains de l'ennemi.
Une première attaque tentée pour s'en emparer, vers 19 h, ne réussit pas. Reprise de 4 à 6 h du matin, elle obtint plein succès : dans ce boyau, on a trouvé 10 cadavres ennemis, des fusils, des havresacs, des boucliers et 150 sacs à terre.
Actuellement, l'ennemi s'est pour ainsi dire incrusté dans notre première ligne et dans l'ouvrage Blanleuil, dont nous tenons les flancs et la gorge, ainsi que l'indiquent les traits en bleu du croquis ci-joint, sur une largeur d'une centaine de mètres.
Le bataillon BRANCOURT du 91è a été laissé à la disposition du Lt-colonel GIRARD, pour lui permettre de l'en chasser en le fusillant de front, en l'attaquant pied à pied sur ses deux flancs et amenant des autres sous-secteurs, de nouveaux moyens d'attaque (obusiers, lance-bombes...). Des ruines offensives ont d'ailleurs été commencées pour marcher contre la portion de notre front qu'il occupe.
Au Nord du ravin de Fontaine-Madame où se trouvait la 1è Cie du 147è occupant un bastion très avancé, une attaque non moins violente a été menée sur les trois faces, par un bataillon aux dires d'un prisonnier. Le Capitaine SPACENSKY commandant la Cie a opposé à l'ennemi une résistance particulièrement vigoureuse. Seuls quelques éléments de tranchée complètement détruits par l'artillerie ennemie n'ont pu continuer à être tenus par les nôtres ; sous le feu même des Allemands, le Capitaine SPACENSKY rectifia sa ligne, en creusant 80 m de tranchées nouvelles, tant dans la soirée, que pendant la nuit, non sans avoir subi des pertes très sensibles.
Entre les deux points attaqués, l'artillerie ennemie avait battu vigoureusement nos tranchées de 1ère ligne, bouleversant nos parapets et comblant les boyaux. Les 3è et 11è Cies du 147è se maintinrent néanmoins sur leurs positions et profitèrent de la nuit, pour réfectionner complètement leurs tranchées.
Dans le même temps, les Allemands prononçaient sur le front Nord de la Gruerie une violente attaque qui causa des inquiétudes au Commandant VASSON du 147è, occupant avec son bataillon, les hauteurs de la rive droite du Ruisseau de Fontaine aux Charmes, en liaison avec la 3è DI. Un peloton du bataillon BRANCOURT du 91è lui fut envoyé comme soutien.
La lutte n'est d'ailleurs pas terminée dans le secteur de Fontaine-Madame, où l'on fait tous ses efforts, pour reconquérir les tranchées perdues...