Le calme de la veille devait faire présager l'orage du lendemain

C'est par cette phrase que débute la relation de la journée du 31 décembre 1914 dans le JMO du 147è RI.

La droite du 2è bataillon est caractérisée par une crête orientée est-ouest, et occupée, du Nord au Sud par les 8è et 7è Cies et par le 120è qui part de la crête militaire et forme la gauche du secteur voisin. Sur cette crête depuis plusieurs jours déjà l'ennemi a élevé à 15 mètres devant nous, une sorte de talus qui cache sans doute l'entrée d'une sape ; une mitrailleuse ennemie, blindée et placée à quelques mètres en arrière en protège l'entrée et empêche toutes nos reconnaissances de s'y porter. Il y a là un danger d'autant plus grand que la crête en question commande l'entrée du ravin de la Harazée et que son occupation par l'ennemi ferait tomber du même coup une bonne partie de notre 1ère et 2è ligne. Une contre-sape lancée par nous devait atteindre celle de l'ennemi et la détruire, mais à 6h30, le 31, la mine allemande sautait, l'ennemi profitant de la surprise et faisant aussitôt irruption se précipitait sur les tranchées de gauche du bataillon voisin et y pénétrait de vive force, cherchant à remonter sur la crête tenue par la 7è Cie.
Un combat violent s'engagea alors dans le dédale de boyaux et de tranchées formant le saillant occupé par cette compagnie.
Successivement le Lieutenant PEQUIN commandant la 7è Cie, puis le Sous-Lieutenant MONCHY qui le remplace sont blessés, l'Adjudant RENOTTE atteint d'une commotion est lui-même obligé à abandonner le commandement. La 7è Cie n'ayant plus de chef reflue un moment vers la 8è ; elle est arrêtée par le Lieutenant de réserve RÉGNIÉ commandant la 8è Cie.
A 8h30 une contre-attaque est lancée sur l'ordre du Capitaine SÉNÉCHAL commandant provisoirement le 2è bataillon, auquel s'est joint un bataillon du 1er de ligne, et de flanc 7è et 8è Cie ; elle échoue, le Lieutenant RÉGNIÉ tombe mortellement frappé en entraînant sa troupe à l'attaque. Dans la journée, de nouvelles attaques sont exécutées qui nous rendent environ 40 m de tranchées, mais l'ennemi se maintient et, le reste de la journée, la position s'organise sous la direction du Capitaine SÉNÉCHAL qui en même temps que celui du bataillon, a pris le commandement de la 8è Cie.

Les pertes de la journée étaient cruelles :
tués : 1 officier, 24 hommes - blessés : 2 officiers et 36 hommes.