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Le blog du 147e RI
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12 juin 2009

Fontaine Madame : près des Allemands

Cette nouvelle tranchée, beaucoup plus mal arrangée que celle que nous quittions, était aussi beaucoup plus près encore des Fritz : entre eux et nous, deux réseaux de fils barbelés ; c’était tout ce qui nous séparait, soit à peine 10 m.
Nous y étions depuis à peine une demi-heure qu’on entend, dans la nuit, venant du côté allemand, une voix forte qui nous crie en excellent français :

- Eh ! le 147è de Sedan. Bonsoir !
- Salut, les Fritz, qu’on répondit de chez nous.

Ce fût tout, mais je restai perplexe devant cette révélation. Personne de chez nous n’aurait pu dire quels étaient les gens d’en face ; et eux, à peine étions-nous arrivés, en pleine nuit, qu’ils nous connaissaient. Épatant !
Ils se révélèrent, par la suite, comme de très bons voisins. Le lendemain, dans la matinée, la même voix nous interpella de nouveau :

- Eh ! les 147è ! Vous savez, il y a une bonne source d’eau pure tout près d’ici. Vous nous laissez y aller puiser; nous en ferons autant pour vous.
- Entendu, dis-je. Quand voulez-vous y aller ?
- Maintenant, si vous voulez.
- Bon. Allez-y et montrez-nous où elle est. Je vous garantis que nous ne tirerons pas.

Alors, sur notre gauche, là où le terrain descendait en pente douce, apparurent une demi-douzaine de Feldgrau sans armes, portant des gamelles et des seaux de toile. Ils allèrent remplir leur récipients à la source en question et, en remontant, nous crièrent que c’était notre tour. On y alla pour voir ; et tout se passa aussi pacifiquement.
Je m’étonnais tout de même un peu de cette nonchalance de leur part, mais j’en connus bientôt la raison : leurs troupes spéciales étaient entrain de miner nos tranchées, et, en attendant que tout saute, ils nous faisaient bonne figure. On minait ferme, pas directement sous ma tranchée, un peu sur la droite de ma section, là où se trouvait la deuxième section de ma Compagnie, et on entendait le travail souterrain. Lorsque leurs coups de pioche devinrent bien distincts, le génie de chez nous se mit aussi de la partie et entreprit de creuser une contre-mine. Qui arriverait le premier à faire sauter l’autre ?

Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre  -  Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE

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