9 juin 1918 - Martin à Anna

Le 9 juin 1918 (cachet 10-6-18)

Bien chère épouse Belle Mère Fils

Venant de recevoir votre lettre datée du 4 je m'empresse de vous en faire réponse. Suis heureux de vous savoir en bonne santée. Pour l'instant je puis vous en dire de même. Nous avons été engagé touts dans la mêlée. Maintenant nous voilà revenu au CID. Mais je crois fort bien que nous allons rejoindre le régiment demain 10. Où je serais versé, je n'en sais rien. Mais assurément que ce ne sera pas le TC, ce sera dans le rang vue les situations de familles qu'il y a. Or n'ayant qu'un enfant, je puis me considérer dans les unités combattantes. Il n'y a rien affaire. Vous pouvez croire que c'est pénible déjà à mon âge et d'après ma blessure. Et je ne suis pas seul. Si je pouvais me faire évacuer mais c'est dur, vue tout ce qui se passe.
Nous venons de tirer une période qui a été des plus pénibles. Rase campagne et vous savez pour pouvoir suivre ces jeunes gens c'est midi sonné, si on était touts du même âge ça irait encore. Si je part comme il et certain, je vous enverrais ma nouvelle adresse aussitôt arriver. Ca me fou le cafard. Déjà que l'on a comme ça.
Tu me dis que la vigne et très jolie et que les raisins commencent à fleurir. Je crois que cette année je ne viendrais pas les voir comme l'année dernière que j'ai venu au mois de juillet ; les permes sont supprimées et elles ne seront pas rétablies si longtemps. Enfin pourvue que je puisse ramener la peau, ce sera déjà bon.
Mais c'est si critique qu'il n'y a pas d'espoir.
Comme tu dis, mieu vaudrait que cela finisse. Mais ce sera encore long.
Ici le temps et bon. Tu donneras le bonjour à Angèle Per....sty de ma part. Son mari je ne l'ai pas vue depuis quelques jours.
Ne voyant plus grand chose à vous dire pour l'instant, je vais vous quitter en vous embrassant.

Recevez chère épouse Belle mère Fils mes meilleurs baisers.
Bien le bonjour chez moi.
Ton époux qui t'aime et ne t'oublie pas.
Martin Coste

Au revoir à plus tard. Voilà 3 mois que j'ai rentré de perme et je ne sais quand je reviendrais.