9 septembre 1914

Extrait du carnet du Capitaine Charles RIGAULT : la guerre en Argonne - carnet de route d'un officier du régiment de Sedan

Le Lieutenant  RIGAULT est nommé Capitaine depuis le 2 septembre ; après avoir commandé la 1ère section de mitrailleuses, il commande la 7è Cie (2è bataillon). Le 147è est toujours près de Favresse, Thiéblemont, Farémont.
Il sera blessé lors des combats de l'Argonne et décédera des suites de ses blessures le 13 octobre 1914, à l'Ambulance n°2 à St Menehould (51), il venait d'avoir 33 ans.

La soupe est faite à 500 m du bivouac. Nos cuisiniers n'ont pas trouvé le bivouac avant 3 h du matin. A 4h30, nos hommes n'avaient pas encore tous mangé. Je fais faire la distribution à l'entrée du bois, dans lequel je vois passer un Prussien sans doute. A 5 h,  j'aperçois l'uniforme à gauche de la lisière d'un bois. Je fais placer ma section face à ce bois. A 6 h, je fais fuir le uhlan : pour l'abattre, tir sur le bois indiqué. A 9 h, je suis encore là. Et encore à 15 h. Nous ne semblons pas avoir grand ennemi devant nous, mais toujours des batteries de son artillerie lourde. Un coup fait de l'avancement à la brigade : le général LEJAILLE est blessé grièvement dans une maison à Thiéblemont-Farémont, le colonel REMOND passe brigadier, le lieutenant-colonel SAGET commande le 147è, le capitaine SENECHAL commande le bataillon. 16 h : je suis toujours dans mon bois. A gauche, sur la route de Vitry-le-François, nos obus tombent à 1.500 m.
Les Allemands avanceraient-ils par là ?
Pendant ce temps, nos bouchers vont chercher un veau et des cochons à la ferme ! On s'approvisionne comme on peut ! Hier, c'était des poules dans la ferme qui brûlait. Mais adieu veau, vache, couvée. Le veau est tombé à 200 m de l'ennemi et nos hommes n'osent pas aller le chercher. Après une petite alerte, la 8è criant avoir vu des Allemands sortir de leurs tranchées, nous dormons jusqu'à 17 h, cependant que les malheureux cuisiniers font la popote à 1 km en arrière et la rapportent à 2 h du matin au milieu de la pluie qui tombe. CARRÉ me cherche heureusement de nouvelles bottes de paille et j'ai chaud.

Le JMO mentionne le survol de Thiéblemont par un avion allemand qui laisse tomber un certain nombre de fusées destinées à servir d'indication à l'artillerie. Il indique les pertes suivantes :
Tués : Troupe 8
Blessés : Officiers 1 - Troupe 17, soit un total de 26 hommes.

Parmi eux il y avait : le Soldat Jean DELBECQ et le Sergent René WATTIEAUX, décédés des suites de leurs blessures à l(Hôpital de Troyes (10).