JMO : 7 septembre 1914, la section du Lt WERNER (10è Cie)
Dans un précedent message, j'avais commencé à évoquer l'engagement du 147è dans la bataille de la Marne.
Après l'historique du régiment, celui de la 4è DI et le concours du Bulletin des Armées, voyons ce qu'il y a dans le JMO.
Le 3è bataillon est rappelé sur Thiéblemont, la 12è Cie construit des tranchées face à l'Ouest au Sud du village. Par suite du repli des troupes du corps colonial qui ont évacué Vauclerc, ordre est donné au 147è d'attaquer l'ennemi dans le secteur compris entre les routes Thiéblemont-Vauclerc-Favresse-Reims la Brulée.
A 8h45 le mouvement en avant est commencé : le 3è bataillon appuie sa gauche à la route nationale, objectif Vauclerc. Le 2è bataillon appuie sa droite vers la route de Favresse - Reims la Brulée et a pour objectif ce dernier village. Le 1er bataillon en 2è ligne dans l'intervalle entre les 2è et 3è bataillons.
La marche vers l'Ouest est appuyée par une batterie d'artillerie coloniale en position au Nord de la route nationale à 600 m de la sortie Ouest de Farémont et par le 29è régiment d'artillerie de corps.
La progression en avant est rendue très difficile par le feu de nombreuses batteries ennemies en position dans la région de Vauclerc, Reims la Brulée ; le 2è bataillon notamment ne peut progresser au Sud-Ouest de Favresse où l'artillerie ennemie constitue par son feu un barrage infranchissable.
A 10h30 le mouvement en avant de l'infanterie est interrompu en raison des pertes subies par le 3è bataillon et notre artillerie reçoit l'ordre de chercher à éteindre les feux de l'artillerie ennemie. Le 2è bataillon est rappelé de Favresse et vient se placer en réserve en arrière du 1er bataillon.
Jusqu'à 15h30 la situation reste la même, notre artillerie ne réussit qu'imparfaitement à diminuer l'intensité du feu de l'artillerie ennemie. A 15h30 ordre est donné au 3è bataillon d'envoyer une reconnaissance sur Vauclerc.
Une section de la 10è Cie (Lt WERNER) est désignée pour exécuter cette reconnaissance qui se porte sur Vauclerc par le Nord de la route nationale.
Le mouvement en avant de cette reconnaissance détermine un redoublement d'intensité du tir de l'artillerie ennemie dirigé sur la section en reconnaissance et sur le reste du 3è bataillon.
La reconnaissance (Lt WERNER) malgré les pertes sensibles éprouvées pendant le trajet, pertes causées par le tir d'artillerie et d'une fraction d'infanterie ennemie établie à la lisière Nord-Est de Vauclerc parvient à 16h30 à 800 m des premières maisons du village où elle est obligée de s'arrêter en raison de l'intensité du feu. A 200 m en avant se trouvaient des éléments de 2è Cies du 2è bataillon du 1er régiment colonial.
Sur la demande du capitaine commandant le bataillon colonial, la section WERNER reprend son mouvement en avant pour se porter à hauteur des troupes coloniales dont la gauche avait cédé ; arrivée sur la ligne un feu intense et très efficace d'obus à la mélinite, empêche toute progression en avant, et jusqu'à 18h15 les éléments qui se trouvaient en lignes furent cloués au sol.
A cette heure le feu d'artillerie ayant cessé, le Lt WERNER, avec les hommes valides de sa section et des 2 Cies coloniales dont tous les officiers avaient été tués ou blessés, se reporte en arrière.
Pendant l'exécution de la reconnaissance la section WERNER a eu 35 hommes hors de combat sur un effectif de 48, le lieutenant lui-même a été blessé à l'épaule.
A 18h30 ordre est donné au 3è bataillon de marcher sur Vauclerc à la faveur de la nuit. Ce bataillon progresse jusqu'à 1 km de Vauclerc où le reste de la reconnaissance WERNER le rejoint.
Sur l'ordre du Colonel le 3è bataillon se replie sur son emplacement de départ.
Le régiment passe la nuit au bivouac sur ses positions et se couvre par des avants-postes de combat placés sur le chemin Ecriennes-Favresse. Le 3è bataillon de la route nationale à 400 m au Nord-Est de la cote 122. Le 1er bataillon appuyant sa droite au chemin Favresse-Reims la Brulée.
Le 2è bataillon au centre entre les 2 autres.
Les pertes du régiment dans la journée du 7 sont :
Tués : officier 1, troupe 6
Blessés : officiers 2, troupe 79
Disparus : troupe 23
Total des pertes : 111 hommes
Pour sa conduite le Lieutenant WERNER a reçu la Légion d'Honneur (son nom figure dans le Bulletin des Armées de la République en mars 1915)
Seul l'officier tombé le 7 septembre 1914 est identifié, il s'agit du Sous-lieutenant René DOMINÉ