Le 5 avril vu de la 7è Brigade

Le Commandant [du 147è RI] a reçu l'ordre d'attaquer 5 mn après le commencement de la préparation d'artillerie, soit 14 h 30.

Il a immédiatement engagé son bataillon de 1ère ligne (bataillon DAZY), flanqué à gauche par l'une de ses sections et à droite par la 1ère Cie du bataillon de 2è ligne (bataillon VASSON). Le tout conformément aux ordres du Colonel commandant la brigade.

Le début de cette action a été extrèmement brillant, toutefois, l'attaque ayant un long parcours à faire en terrain difficile et les compagnies voulant profiter le plus possible de ce qui restait des 20 minutes de bombardement annoncées, il en est résulté une allure légèremetn rapide qui a fatigué les hommes et a pû diminuer leur élan au dernier moment.
Jusqu'à la cote 227, la progression a été relativement facile et les pertes minimes.

Elle a été ensuite retardée par les feux d'enfilade ou d'écharpe des mitrailleuses signalées en F et H et par le poste d'écoute K, qui comprenait une mitrailleuses et où l'ennemi s'est maintenu jusqu'à la nuit malgré qu'il fut débordé des deux côté par le 147è et le 91è.

Le bataillon DAZY est parvenu avec ses seuls moyens d'abord aux chevaux de frise L, qui barraient la route et protégeaient un poste d'écoute, puis à la tranchée avancée M.
Les chevaux de frise L constituaient un obstacle énorme que notre artillerie n'avait nullement endommagé. Ils ont pour axes, non pas de simples rondins, mais de véritables arbres.
La tranchée M conquise mesure environ 100 m.

Malgré l'envoi successif de deux compagnies du bataillon de 2è ligne (bataillon VASSON), l'attaque du 147è n'a pû progresser plus loin que la tranchée M, laquelle est distante encore d'au moins 600 mètres de la lisière ouest de Pareid. La tranchée de première ligne d'où est partie l'attaque doit être évaluée à un minimum de 1300 à 1400 mètres, et c'est un gain de certainement 700 à 800 mètres qui a été réalisé aujourd'hui devant Pareid. Mais c'est encore un long glacis que l'attaque de demain aura à franchir.

La préparation par l'artillerie de l'attaque du 5 a pris les troupes du secteur un peu au dépourvu : elle a été annoncée trop tard. Sa durée a été trop courte, car il fallait plus de 20 minutes pour franchir, mêmes sans bonds, l'espace entre nos lignes et les lignes ennemies. Le tir avait peu de précision, les tirs s'étant forcément ressentis de la brume de ces jours derniers.
Enfin, il n'a pas semblé que l'action de l'AD sur le village même de Pareid fut très efficace ; la lisière NO du village est restée presque intacte. A partir de 17 h, j'ai demandé, tant directement que par l'intermédiaire de la division, que l'artillerie reprit son tir sur Pareid : je n'y ai vu tomber que 5 ou 6 obus.
Dans la nuit du 5 au 6, le bataillon DAZY dont la position est très en l'air, étend ses tranchées insuffisantes pour contenir tout l'objectif, et les replie aux ailes en tranchées défensives.

Les pertes du 147è sont approximativement de 550 hommes, plusieurs officiers ont été blessés (3 capitaines, 3 lieutenants), un lieutenant disparu.