Au loin, la Lorraine !
[...] Une nuit, nous nous mîmes en route par la première côte prenant pied au bord même du village, sur une belle route bien entretenue. Seule, certainement, l'infanterie empruntait cette voie. Toute cette côte était fortement boisée. Après elle, nous en trouvâmes une autre, puis encore une autre plus haute, si bien qu'au petit jour, nous longions les glacis du fort du Rozelier, l'ouvrage le plus avancé au Sud de Verdun dans cette région. Il était profondément endormi et nous ne nous y arrêtâmes pas.
Au sortir de la forêt, sur la crête dominante, magnifique panorama : la Woëvre s'étendant jusqu'à Conflans, et, au-delà, la Lorraine, Metz, Thionville ! Je me rapprochais de Longwy qu'on devinait derrière les bosselure du terrain, et je me pris à songer au bonheur d'y passer, dans quelques jours, lorsque la percée que nous allions tenter serait faite ! Quelle naïveté ! La percée ! Enfin, de tels rêves font toujours passer le temps agréablement et ne font de mal à personne ! [...]
Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre - Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE