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Le blog du 147e RI
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20 novembre 2011

Retour en août 1914

L'échange avec Jean-Claude DELHEZ, m'a permis de prendre connaissance de la transcription d'une partie des carnets du Capitaine RIGAULT.

Jean-Claude que je remercie, m'a communiqué celle-ci qui porte sur les journées des 6 au 10 août 1914


Jeudi 6 août
Nous allons partir comme d'habitude aux tranchées quand l'escadron MONTAGNAC passe allant vers Arlon, avant-garde de la division. Dans les quelques engagements qui ont eu lieu sur la frontière avec la brigade de Trèves, ils n'ont eu que des faits d'armes heureux. Il n'y a eu d'engagés que 2 escadrons du 4e hussards et un peloton (VERRAT) du 30e dragons. Les chasseurs et les uhlans ont fui devant eux. Pour se venger, ils ont massacré un hussard du 4e qu'ils avaient fait prisonnier. A 9h, nous voyons passer toute la brigade de réserve allant à Montmédy...
Vers 17h, un escadron du 4e hussards passe allant rejoindre la division; les hussards montrent avec orgueil des trophées pris aux Allemands : des cartouches, un cheval. Vers 18h, LANGERON parti en reconnaissance avec son peloton rejoint à son tour la division. Il a une lance allemande, son maréchal des logis le sabre d'un officier; ils ont surpris un peloton au moment où il mettait pied à terre et leur ont tué 9 hommes et 13 chevaux; le reste a fui.
Tous les récits enivrent les hommes du 147 qui se demandent quand ils vont pouvoir être aussi fiers que les cavaliers. On dit que les Allemands attaquent déjà, d'où cette nouvelle direction donnée à la cavalerie

Vendredi 7 août
... il paraît que nous faisons partie de la Ve armée, que les Allemands sont retranchés en avant de Luxembourg, et que nous allons attaquer...

Samedi 8 août
... Vers 4h du soir, nous voyons revenir en arrière le train régimentaire du 9e chasseurs. Ce train ramène une dizaine de chevaux de cavaliers allemands, auxquels le bataillon a affaire depuis quelques jours. Aujourd'hui, la cavalerie allemande a été assez pressante.

Dimanche 9 août
3h30. Nous allons nous placer avec la section dans les vergers au sud-est du clocher de Marville sur un petit chemin entre la route de Rupt sur Othain et l'Othain. Nous apprenons que le 9e bataillon de chasseurs se replie sur Othe.
7h. CARRÉ (mon ordonnance) m'apprend que le général CORDONNIER est dans la place félicitant les chasseurs et leur disant qu'ils sont remplacés par de l'infanterie et de l'artillerie : il paraît que c'est une division de cavalerie, 2 bataillons du génie et un groupe d'artillerie.
11h. Un aéroplane passe au-dessus de nos têtes, il a la forme d'un grand oiseau... Le quartier général se transporterait de Louppy à Sivry sur Meuse.
12h40. On entend un coup de canon très loin à droite et cela se tait.
13h. Les cloches sonnent, c'est le seul bruit qu'on entend dans la campagne...
16h. Nous rentrons tranquillement à Marville.

Lundi 10 août
Nous allons prendre une autre position face à Petit-Failly. Nous y sommes à 4h1/2. Vers 8h, on entend le canon sur notre droite, des groupes de cavaliers allemands sillonnent la crête en avant de nous.
10h. Le feu est vers le village de Grand-Failly ou de Sorbey.
10h15. Nous allons déjeuner tranquillement dans un petit pavillon de chasse au bas de la section de mitrailleuses. On entend encore une fois le canon.
12h. L'angelus sonne au milieu d'un silence de grande chaleur. Seuls les cavaliers s'agitent en avant de nous.
13h25. Le canon tonne à droite pendant qu'en avant de nous, à 1.700 mètres de notre point, au nord-est de Ham les Saint-Jean, 5 escadrons de cavalerie font un départ de colonne de pelotons appuyé de batterie d'artillerie, à l'est de Ham les Saint-Jean. Des cyclistes passent par la route de Longuyon.
14h. Le canon tonne de plus en plus fort vers la droite. La fusillade éclate devant nous. Les dragons partent en avant en fourrageurs. Le canon de la division de cavalerie gronde. Les obus français tombent à 600 mètres en avant du bois Lagrange.
14h25. La cavalerie et son artillerie font un bond en avant et vers la droite. Une fusillade intense éclate vers l'est en arrière du bois Thiébault, vers le bois Lagrange.
14h30. Six chevaux démontés galopent vers Petit-Failly.
14h50. Cinq cavaliers reviennent à pied vers Petit-Failly; il y a donc eu plus de peur que de mal. La cavalerie continue son mouvement en avant vers Petit-Xivry et sans doute Longuyon.
15h10. Un régiment de dragons revient au nord-est de Ham les Saint-Jean et met pied à terre.
15h40. Deux régiments de cavalerie reviennent au pas vers Marville.
16h10. Plus personne devant nous à la crête.
16h30. Le canon tonne toujours à droite dans la direction de Pillon-Spincourt. On aperçoit les obus éclater dans le bois de Warphémont. Il semble que ce soit le village de Châtillon qui brûle.
16h35. A l'est de Villers-le-Rond on aperçoit un régiment de cavalerie en bataille et sur la route de Longuyon des cavaliers qui rentrent à Marville.
17h. La 6e compagnie qui nous entoure reçoit un ordre d'aller occuper Ham les Saint-Jean. Le canon tonne moins fort à droite; il y a de longues accalmies.
17h30. La section de mitrailleuses reçoit l'ordre de retourner à Marville. Tout comme aux manoeuvres, il n'y a que la critique qui manque. La critique, d'ailleurs, s'adresse à la division de cavalerie qui a abordé sans reconnaissance suffisante la région boisée au nord de Petit-Failly et a eu un escadron du 24e dragons écharpé par une compagnie d'infanterie allemande cachée dans le bois Lagrange. L'artillerie de la division a tiré des coups de canon en prenant une hausse ridiculement trop courte. L'artillerie du 42 qui était en arrière de nous avait été engagée à notre droite où le canon tonnait. La division de cavalerie après sa charge va vers Vittarville-Delut. Je dîne somptueusement à la popote de la 5e et vais me coucher le plus tranquillement du monde et demande à Jeanne d'Arc la victoire française.


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