Dans la forêt profonde...
[...] l'arme à la main, en colonne par un, je prends la tête des 7 hommes qui me restent. Nous suivons un layon, très large, crevassé d'ornières par les chariots de bois. Nous avançons sur le côté gauche, serrant le plus prêt possible la futaie. Ce layon est tout en ligne droite, orienté nord-sud, nous voyons donc très loin. Aucun bruit autour de nous que le chant des oiseaux. Notre mission est précise : ne pas engager le combat. Au premier contact, se replier sur le gros de la section qui suit à 300 m.
Je n'ai pas de montre, mais il me semble que nous marchons depuis une bonne heure à cadence très ralentie. La prudence commande à de nouvelles précautions. A voix basse, je dis à mes suivants mon intention de rentrer dans le taillis, crainte d'une surprise dans le layon. Tous approuvent. Mais nous voilà au milieu de ronces enchevêtrées, la marche est rendue difficile et nous faisons du bruit par le fait des branches mortes qui craquent sous nos pas.
A peine avons-nous avancé de 20 m qu'une salve d'une dizaine de coups de feu nous cloue sur place. Instinctivement, nus nous sommes laissés tomber dans les ronces. Mais et visages sont griffés et saignent. Nous entendons des voix qui s'éloignent... [...]
A suivre
Source Petits récits d'un grand drame - Paul RICADAT, avec l'aimable autorisation de son fils