Il y a 96 ans, le Conseil de guerre spécial...

... du 147è RI, réuni à Vienne le Château (51) eut à juger 2 hommes les Soldats Edmond DELEBARRE et Victor S...
Le premier fut acquité des charges retenues contre lui, le second fut condamné à la peine de mort par 2 voix contre une.
Victor S... sur le rapport du Lieutenant commandant sa compagnie était traduit devant le conseil de guerre spécial pour abandon de poste en présence de l'ennemi.
Victor venait du 46è RI, arrivé au 147è RI le 5 septembre 1914 après avoir perdu son régiment lors d'une bataille (précision du Chef de bataillon du 147è RI).

Ma curiosité m'a poussé à chercher ce qui s'était passé au 46è RI.

Je n'ai pas encore lu le JMO pour les 3 premières semaines de guerre, mais l'historique disponible sur le site de la bibliothèque contemporaine d'information et de documentation contemporaine (BDIC) à Nanterre fait état de pertes très importantes.
Le 21 aout, le régiment est dans les environs de Longwy, il fait face à l'armée du Kronprinz :
[...] le combat est très dur. L'ennemi a pu amener de l'artillerie lourde. [...] Partout des mitrailleuses, les Allemands en ont placé jusque sur les toits des maisons de Romain.
Le 22 août ordre de retraite : [...] des combats pied à pied sont engagés à Noërs, Villers sous Mangiennes, St Laurent sur Othain, Damvillers.
[...] Nous voici à Montfaucon, Montblainville, là un premier renfort de 1.200 hommes arrive pour combler les vides causés dans les premières batailles.

Les 30 et 31 août, ce sont les combats de Fossé : 3 charges à la baïonnette pour le 46è RI.
C'est un succès pour nos armes mais il nous coûte cher : 900 hommes sont mis hors de combat.

Comment ne pas être déboussolé, après avoir vu tant d'hommes tombés autour de soi ? Après un tel baptême du feu ? Ne serait-ce point l'une des raisons des disparitions de Victor ?
Il aurait pu déserter et chercher à fuir les combats et rentrer chez lui  ; mais au lieu de cela il trouve le 147è RI probablement dans les environs de Vroil, et est incorporé dans ce régiment.
Par la suite il disparaît à trois reprises vers l'arrière, dont une fois à la 7è Brigade, auprès des plantons. Cela ne lui semble pas grave, mais c'est la guerre, et cela est qualifié d'abandon de poste en présence de l'ennemi.

Un des membres du Conseil de guerre aura un doute et ne votera pas pour la condamnation de Victor. La majorité l'a cependant emporté, et le sort de Victor est alors scellé.

C'était le 5 octobre 1914.