Grandpré, août 1914
Ce 30 [août] est un dimanche et nous avons une messe à l'église de Grandpré par un aumônier divisionnaire. Il nous parle de tous ceux qui viennent de nous quitter et nous prions pour eux.
De plus en plus, les routes sont encombrées par des réfugiés avec des chariots surchargés de literie, d'enfants, de vieillards, à tel point que nous nous trouvons parfois arrêtés. Peu de temps après voir quitté Grandpré, nous sommes là, sans pouvoir avancer et voici que tout à coup des obus sifflent au-dessus de nous. Nous voyons les éclairs de départ à la lisière d'un bois.
Or la priorité doit être à l'armée. Les gendarmes qui règlent les mouvements obligent les évacués à se garer dans un champ à gauche de la route et nous passons. A la faveur d'un tournant nous sommes vite hors de la vue de l'ennemi, mais nous entendons les obus tomber dans le champ des réfugiés.
Quelle chose atroce que la guerre.
A suivre
Source Petits récits d'un grand drame - Paul RICADAT, avec l'aimable autorisation de son fils
Différentes cartes postales de Grandpré montrent que les Allemands y avaient installé une Kommandantur et un Lazaret (hôpital). Dans l'église, on peut admirer le tombeau en marbre de Claude de Joyeuse et de Philiberte de Saulx Tavannes, classé aux monuments historiques en 1904