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Le blog du 147e RI
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7 mai 2010

Féérie sur les Hurlus

Ce message est le 500è publié depuis la création du blog
Merci à vous lecteurs et visiteurs pour l'intérêt que vous manifestez et vos encouragements !

Merci aux parents des combattants du 147è RI qui ont fourni des documents familiaux
ainsi qu'à tous les contributeurs que je ne peux nommer mais qui se reconnaîtront.

Nous partîmes, tout d'abord vers l'inconnu.

Mais deux jours plus tard, ce ne fut plus un secret pour personne : nous allions sur le front de Champagne, centre de Hurlus, où, depuis une dizaine de jours, notre haut commandement avait déclenché une offensive.

Nous passâmes sous le monument commémoratif de Valmy que les Allemands avaient respecté lors de leur avance et de leur recul, puis nous allâmes cantonner à Somme-Suippes. Ensuite, c'était la brousse dont nous traversâmes les bosquets de sapins, dans cette Champagne pouilleuse garnie d'artilleurs de tous calibres - car nous avions maintenant des pièces lourdes - Nous prîmes de longs boyaux pour descendre les pentes en vue de l'ennemi, et débouchâmes dans une étroite vallée, juste en face de ce qu'on avait appelé, avant la guerre, Les Hurlus. Au moment où nous y débouchâmes, on ne voyait plus, à moitié debout, que l'église. Tout le reste de la localité avait été réduit en décombres et pilonné. Les villages avoisinants, Perthes-les-Hurlus, Mesnil-les-Hurlus, avaient subi le même sort.

C'était de ce creux plein de bois et de boue crayeuse que nous allions, dans la nuit, partir pour les tranchées, nous joindre aux combattants qui attaquaient les positions allemandes retranchées fortement sur les hauteurs de Massiges, de la butte du Mesnil et d'autres.

Et le soir même, nous entrâmes dans la fournaise, après de longs cheminements dans des boyaux absolument inconnus et gluants de glaise blanche, à travers lesquels les unités étaient guidées par des guides spéciaux. Jamais on n'aurait pu, sans eux, éviter les embouteillages, surtout la nuit, pendant laquelle la circulation était particulièrement intense, pour profiter des ténèbres.

Pourtant, l'obscurité était continuellement percée par les feux d'artifices incessants des fusées éclairantes qui sillonnaient le ciel de part et d'autre des tranchées, traçant des courbes élégantes et retombant lentement et gracieusement au sol en se dandinant sous leur petit parachute.

C'était féerique.

Nous assistions à pareil spectacle pour la première fois, car, en Argonne, ce système ne fonctionnait pas encore, et n'aurait d'ailleurs pu fonctionner au milieu des arbres. Cependant, si cette féerie de lumières était jolie à voir elle était fort dangereuse, car elle permettait aux ennemis de découvrir les moindres mouvements au sol, et tout mouvement découvert était l'objet d'un bombardement immédiat par l'artillerie.

Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre  -  Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE

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