27 août 1914 : tragique méprise

Le 26 août 1914, le 147è est dans les environs de Beaufort (08). Il pleut. Les hommes reçoivent l'ordre de construire des abris en feuillage. Certains sont très doués et conseillent leurs camarades. La pluie redouble. Éreintés, les hommes s'endorment.

[...] Vers les 2 heures du matin, des coups de feu éclatent à proximité de nous. De l'avis général à 50 m environ. L'obscurité est telle qu'il est difficile de s'orienter. Malgré le dramatique de la situation, il faut craquer une allumette pour trouver un point de repère.
Une patrouille part dans la direction supposée des coups de feu. Nous entendons un bruit de voix, puis, bientôt, une sorte de dialogue avec des partenaires qui semblent plus lointains. Un homme de la patrouille revient vers nous, bouleversé, et nous relate le drame qui vient de se produire. Sur deux frères, de la même section, l'un était de sentinelle à la lisière du bois, l'autre patrouillait dans une clairière. La sentinelle ayant entendu du bruit perdit son sang-froid et au lieu de crier :

" Halte-là ! Qui vive ? "

arma son fusil et tira. Il tua son frère d'une balle dans la gorge. Il est comme fou et doit être maîtrisé.
Le Capitaine fait dire au chef de patrouille de rester sur place jusqu'au petit jour et de ramener ensuite le corps du malheureux. C'est le premier tué de la compagnie et par des balles françaises. Cette nouvelle nous laisse l'âme chavirée et dans un profond découragement. [...]

A suivre

Source Petits récits d'un grand drame - Paul RICADAT, avec l'aimable autorisation de son fils