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Le blog du 147e RI
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16 juin 2009

Espoir de trêve...

Leur attaque s’éteignit, mais elle avait été chaude, et, à un certain endroit, ils avaient presque réussi. Ce fût là justement qu’on nous fit passer la nuit. Juste au bord de la tranchée que nous vînmes occuper, nous trouvâmes un groupe de sept ou huit cadavres de chez nous. Ils n’étaient pas de notre régiment, et devaient donc être là depuis les attaques précédentes, depuis plusieurs semaines peut être, et le froid les avait conservés intacts.
J’envoyai prévenir le Capitaine afin qu’on vienne enterrer ces types après voir pris leurs papiers. La soirée fût calme. Nous pûmes avoir la corvée de soupe vers les sept heures, mais nous étions absolument éreintés; personne n’en pouvait plus de fatigue, de sommeil, de froid. Il y avait quatorze jours que nous étions aux tranchées, avec des combats presque continuels, une tension d’esprit incessante, sous une température inclémente, dans des fossés toujours pleins d’eau ou de boue, sans sommeil, sans repos, avec des repas qui n’en étaient pas.
Ma pauvre section avait fondu ; je n’avais plus guère que 25 hommes de présents : les autres avaient été évacués ou tués ; beaucoup avaient dû partir vers l’arrière à cause de pieds gelés. Et nous qui restions, nous ne valions guère mieux. je me sentais geler tous les jours davantage. Et puis, nos fusils, rouillés, boueux, encrassés, n’étaient plus que des outils presque inutilisables. Je ne sais comment ils n’éclataient pas lorsque on tirait avec.
Et pourtant, bien que l’effectif soit réduit de moitié, le front de ma section s’était étendu, parce que les autres sections avaient fondu, elles aussi. De telle sorte que si, à ce moment-là, les Fritz avaient déclenché une véritable attaque, nous n’aurions certainement pas pu les repousser. Heureusement pour nous, ils se trouvaient dans les même conditions précaires.
Et puis, Noël approchait; il y aurait peut-être une petite trêve.

Source : Georges HUBIN - Ma vie - Mes campagnes - Ma guerre  -  Tome V, avec l'autorisation de Michel EL BAZE

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