10 février 1918 - Martin à Anna

Le 10 février 1918 (cachet 11-2-18)

Bien chère épouse Belle Mère Fils

Me voilà rentrée de ma corvée qui a été un peu pénible à cause du bombardement. Mais sans dégâts. J'ai reçu le courrier avec le morceau d'écrit et une lettre. Suis heureux de vous savoir en bonne santée. Je me trouve très bien pour l'instant.
Tu me dis que le petit et très content d'apprendre que je vais bientôt venir en perme et qu'il compte même les jours.
Je puis te dire qu'il n'y a pas que lui quy les compte. J'en connais un autre. Mais on ne peut trop conter car je ne sais pas au juste quand je viendrais. Ce n'est pas l'envie qui me manque. Plus ça va plus on a le cafard. Surtout ayant été malade.
Mais maintenant ça va. Il n'y a pas lieu de s'en faire pour cela.
Tu me cause que Pauline a un 3è enfant. cela leur servira. Il me semble qu'ils font vite quand même, vu leur jeunesse. Ils ne s'inquiète guère à l'avenir. Chaqu'un fait ce sa mode et selon ses idées. Ils n'ont que ça affaire et s'ils ont les moyens ils n'ont que mettre des enfants au monde pour ceux qui ne peuvent pas.
Paul Saqué a fait famill avec Jeanne. Un ce n'est pas beaucoup. A deux ils n'ont pas le temps de s'ennuyer. Ils peuvent se consoler l'un l'autre.
Ne voyant plus grand chose à vous dire pour l'instant, je vais vous quitter en vous embrassant.
Bien le bonjour chez moi aux amis.

Recevez chère épouse Belle mère Fils mes meilleurs baisers en attendant le plaisir de vous voir bientôt si possible.

Ton époux qui t'aime et ne vous oublie pas.
Coste Martin
Caporal 147è I
TC 2è bataillon
SP 110
Tu me dis que vous allez avoir un homme pour travailler le jardin pour pouvoir semer. La saison va être là il faut le faire. Je préférerai mieu le faire moi-même mais inutile d'y penser " ma trigue de vonir vous beijou " [ il me tarde de venir vous voir] Las coustelles fan mal du dourmi pal sol, qual oun matelas, ploune au pil " [Les côtes me font mal de dormir par terre, il faut un matelas, ?? ]